Radiant Housewife : sept mois plus tard
Ouais bon ; toujours Radiant mais parfois un peu Desperate quand même, et je peux déjà prédire que ma Housewife Attitude sera limitée dans le temps.
J'apprécie toujours énormément de pouvoir faire un break et avoir du temps pour profiter des enfants et de la vie zéro contraintes, avec lecture, tennis, danse, piano et blog. C'est une vraie vraie chance, permise par notre expatriation ; m'arrêter de bosser ne m'aurait même pas effleuré l'esprit en France, et aurait été beaucoup plus compliqué, notamment parce que le coût de la vie, scoop, n'est pas le même entre nos deux pays.
Mais quand même. J'avais été marquée par une phrase d'Albert Weng, dans son bouquin "Touche pas aux Pékins"(que je ne vous recommande pas particulièrement, sauf si vous êtes suffisamment briefés sur les milieux d'affaires et d'ambassade pékinois de 2001-2002 pour reconnaître tout le monde au fil des pages), lu à mon arrivée en Chine, qui expliquait grosso modo que parmi les femmes françaises en Chine, il y a "les travailleuses" et "les autres". A l'époque j'étais "travailleuse", et j'avais du mal à comprendre la portée de la phrase. Hé bien plus maintenant.
Il y a effectivement deux mondes complètement distincts, qui ne se croisent que très peu, avec dans un premier des femmes qui en général bossent comme des folles et finissent parfois par péter les plombs comme moi, et de l'autre les taitai (femmes d'expats qui ne bossent pas), comme la nouvelle moi, qui gèrent surtout les enfants, l'école, les courses, souvent moultes ragots et les prochaines vacances ; celles que le mari remercie lors de son pot de départ parce qu'elle lui a assuré "une base arrière" lui permettant de se concentrer pleinement à son travail et de grimper les échelons. Choisis ton camp ma cocotte, mais surtout essaye d'éviter le focus 100% domestique, il y a plein d'autres trucs intéressants dans la vie.
Attention, je ne juge personne, chacune est différente, fait ce qu'elle veut ou ce qu'elle peut, tout le monde n'a pas la chance de pouvoir trouver un chouette boulot ici et l'on peut tout à fait s'éclater complètement sans bosser. Et bien sûr toutes les taitai (encore une fois ce n'est pas péjoratif, j'en suis une) ne se ressemblent pas : deux de mes meilleures amies, qui se reconnaîtront peut-être ici, ont arrêté de bosser depuis qu'elles sont expates, et sont passionnantes (et passionnées), marrantes, curieuses, fines, douées, et pas du tout exclusivement kids oriented. Même qu'elles adorent Shanghai Tang et les mojitos. Il y a aussi ici, et heureusement, des filles très sympas qui gardent les pieds sur terre et avec lesquelles nous passons de très bons moments. Même que parfois elles sont de mon avis sur les inconvénients de la housewife attitude.
Parce que "dépendre" financièrement de mon mari, ce n'est pas mon truc non plus. Bien sûr j'ai bossé autant que lui pendant 10 ans, et on ne pouvait plus continuer à ce rythme là, mais me dire qu'il "m'emmène en vacances" ou m'offre ma séance de manucure, ça ne me va pas. Encore une fois c'est personnel, mais je préfère avoir mon petit compte, surtout que le compte commun n'existe pas ici. Un compte égal une carte de retrait, et rappelle bien à papa chéri de ramener des sous pour aller faire les courses.
L'absence de statut par contre ne me manque pas, je trouve plutôt marrant et rafraichissant de faire la "femme de" de temps en temps. D'ailleurs ça rafraichit aussi Saint-Jack quand je sors des bourdes à ses collègues.
Finalement j'ai choisi de ne pas rebosser tout de suite, et mis à part ces deux aspects, pour l'instant pas rhédibitoires, ça continue à bien me convenir. En plus mes copines "travailleuses" continuent à me parler, c'est cool. Et puis j'ai sacrément progressé en cuisine !
Mais quand même, l'"heure des mamounettes" ne peut pas rester Ma sortie de la journée, et me voici d'autant plus contente de reprendre le chemin de l'école.